Tout le monde se souvient qu’en 2008, le tout
nouveau Champion du Monde de Poker Peter Eastgate, à peine rentré au Danemark
pour fêter son titre, avait eu la très désagréable surprise de se voir confisquer
73% de ses gains (9,1M$) par le fisc danois. On pensait qu’il s’agissait d’un
cas isolé... et on avait tort. Des deux côtés de l’Atlantique, l’imposition des
gains de poker est en train de devenir la règle.
Sur les 27,3 $M de prizepool distribués aux finalistes
du Main Event des WSOP 2012, près de 10M$ ont déjà été ponctionnés au titre de l'impôt par le fisc américain (IRS) et les états dont les joueurs sont originaires. Le Champion
du Monde 2012, Greg Merson, ne pourra ainsi toucher que 57% des 8,5M$ qu’il a officiellement
remportés. Andras Koroknai, le seul joueur non-américain de la table finale
s’en sort bien: la Hongrie n’imposant pas les gains de poker, il conserve
l’intégralité de ses gains (1,6M$ pour la 6ème place) et dépasse ainsi en gain
net ses prédécesseurs Jeremy Ausmus (5ème), Russel Thomas (4ème) et même Jacob
Balsiger: 3ème pour 3,8M$, mais stacké à 80% il ne touchera meme pas 0,5M$
après imposition. Gaëlle Bauman, 10ème pour 590 K$, a elle eu le nez creux en se
domiciliant à Malte: elle devrait ainsi conserver l’intégralité de ses gains.
A peine sacré Champion du Monde, Greg Merson vient de recevoir un coup de fil du fisc...
Car côté France, on sait que depuis la légalisation du poker online mi-2010, le fisc s’intéresse de très près aux gains du poker.
S’appuyant sur des résultats online et live, les services fiscaux ont procédé à
de nombreux et douloureux redressements, dont le prodige online (refusant pourtant la médiatisation) Emile Petit, ou le reg parisien Jérôme Zerbib. Paradoxe: les joueurs de
poker qui ont décidé de se (re)domicilier en France suite à la légalisation de 2010 se retrouvent aujourd’hui dans une
situation inextricable, pris en étau entre un flou juridique persistant et un
fisc dont le zèle s’est démultiplié afin de contribuer au rééquilibrage des finances publiques.