29/01/2012

Chaleurs Australes

Comme pour le tennis, la saison de poker se lance véritablement en Australie, dans la seconde quinzaine de janvier. L´équivalent de l´Open d´Australie se nomme « Aussie Million », et il s´y passe toujours des choses intéressantes.

La victoire de Gus Hansen
dans le Main Event en 2007 l´avait subitement replacé au centre de la planète poker après deux saisons de disette et dans un contexte de controverses de plus en plus récurrentes sur la qualité de son jeu. 

 The Great Dane back in business, 2007

L´an dernier, Sam Trickett s´y était définitivement fait un nom en remportant près de 3 millions de dollars sous le soleil austral : vainqueur du high roller à $100.000 de buy-in (1.5 millions de dollars de gain) et 2ème du Super High Roller à $250.000 de buy-in (1.4 millions de dollars de gain). Il avait ainsi lancé sa mythique saison 2011, année qui l´a vue jouer 6 tables finales, remporter le Partouche Poker Tour et encaisser au total plus de 4.2 millions de dollars !

 Sam Trickett, quel est ton truc ?

Cette année l´attraction s´appelait Phil Ivey. Le meilleur joueur du monde avait totalement disparu du circuit après le Black Friday au mois d´avril pour ne réapparaître qu´à l´APPT de Macao il y a seulement 2 mois, ayant fait l´impasse totale sur les WSOP cet été. S´il est toujours impossible d´évaluer la responsabilité exacte d´Ivey dans le naufrage de Full Tilt, dont il était le joueur le plus emblématique, les dernières révélations concernant la « gestion » de Chris Ferguson - principal accusé dans ce scandale - continuent de fragiliser la défense d´Ivey. Celui-ci se présente toujours comme une victime, mais apparaît bien plus comme un complice en puissance de cette escroquerie aux yeux de la communauté poker. L´annonce de son divorce, à la rentrée, n´a pas contribué à rétablir son ex-image de champion propret, et les Cassandre prédisent d´ores et déjà un impact catastrophique sur sa bankroll.

C´est dans ce contexte hostile que le Tiger Woods du poker est venu rappeler à tous qu´il faudrait bien compter sur lui pour le futur. Auteur d´une  excellente 12ème place dans le Main Event (pour $100.000 de gain), Ivey a ensuite remporté le Mega High Roller à $250.000 de buy-in devant Patrick Antonius et Gus Hansen. 

Antonius et Ivey, comme au plus beaux temps de High Stakes Poker

Un podium saveur vintage, et pas moins de 2.1 millions de dollars de gain pour Ivey sur ce tournoi comptant un field ultra-réduit de 14 joueurs dont 11 professionnels et 3 businessmen chinois. Negreanu a terminé 4ème et s´est plaint sur son compte Twitter d´avoir fait la plus grosse bulle de l´histoire ($800.000 de prize pour le 3ème). C´est une double erreur : tout d´abord parce que la bulle du même tournoi en 2011 était encore plus cruelle (David Benyamine avait touché 1.1 million de dollars pour sa 3ème place alors que  le 4ème se retrouvait bredouille) et ensuite car il va être très difficile de nous faire croire que les 4 joueurs les plus populaires du poker international, amis dans la vie, ne se sont pas mis d´accord sur un deal à 4-left devant des paliers de gains aussi gigantesques.. voire de s´être tout simplement cross-stakés pour ce tournoi. 


Les amateurs de sensations vraiment fortes devront attendre les WSOP avant de retrouver un tournoi encore plus insensé : un Super High Roller à $1.000.000 est en effet au programme !! Une quinzaine de participants aurait déjà confirmé. Que Daniel Negreanu (déjà inscrit au tournoi) n´essaie pas cette fois de nous faire croire qu´il jouera à 100% avec sa propre bankroll !