06/02/2013

Partouche, Pasqualini, Rossi & la triche (1)


Certains estiment que la triche dans le sport ou le jeu est une chose anecdotique. On peut penser au contraire  que la triche menace de mort les sports et les jeux en ce qu’elle touche à leur essence même, au principe central de compétition. A ce titre, la polémique qui enfle ces jours-ci autour de la régularité de la finale du Partouche Poker Tour 2009 est d’une importance majeure pour le poker.


Jean-Paul Pasqualini, vainqueur du PPT 2009 pour 1 million €

Une vidéo postée le 28 janvier dernier sur Youtube par l’ex-joueur devenu écrivain Nordine Bouya dénonce une collusion entre Jean-Paul Pasqualini et Cédric Rossi, respectivement vainqueur et runner-up de l’épreuve. Ces deux joueurs ont remporté à cette occasion pas moins de 1,6 millions d’euros à eux deux. La vidéo présente un code de communication gestuel peu élaboré visant à révéler à l’autre joueur ses cartes sur le principe « je me touche la tête: j’ai un as, je me touche le front, j’ai un roi », etc.

Si ce qu’on peut voir sur cette vidéo est perturbant, il est cependant difficile d’acquérir la certitude absolue quant à la culpabilité des deux joueurs, principalement en raison du faible nombre de mains montrées, argument exploité par Pasqualini dans un droit de réponse publié assez vite.

Depuis, un certain nombre de joueurs, principalement amis de Pasqualini et issus du circuit live (Hairabedian, Ktorza, Darcourt), ont pris position en faveur des deux joueurs, dénonçant une campagne de calomnie. D’autres, notamment des joueurs sponsorisés de la Team Winamax (Levy, Lacay, Riehl) ont au contraire publiquement dénoncé une tricherie.


 Jean-Paul Pasqualini (en noir) & Cédrc Rossi (en mauve).

Le 3 février, Nordine Bouya a publié un nouveau montage de la table finale, durant cette fois 32 minutes. Si la certitude absolue de la triche est difficile à obtenir, il apparaît dorénavant que celle-ci est quand même plus que probable.

D’autant qu’un certain nombre d’éléments de suspicion sont apparus depuis : si Pasqualini déclare dans un premier temps « tomber des nues », par la suite il dira savoir que ces rumeurs avaient déjà été portées à la connaissance du groupe Partouche en 2009. Par ailleurs, on apprend que Cédric Rossi purge actuellement une peine d’interdiction de jeu pour avoir triché lors d’un tournoi au casino de Gruissan (apparemment un vol de jetons lors d’une pause tournoi), ce qui ne plaide pas franchement en sa faveur, d’autant qu’il n’a pas pour l’instant souhaité réagir à ces accusations.

Cédric Rossi

Nul doute que la polémique va enfler et écornera encore un peu plus l’image du groupe Partouche dont le PPT a déjà été durement touché par deux autres scandales (triche avérée du joueur turc Ali Temkagnac et d’un complice en 2010 ; affaire du prizepool « garanti » de 2012). Mais pas seulement.  C’est bien l’image du poker tout entier qui risque de souffrir tant on sait qu’il suscite de nombreuses oppositions morales chez le grand public, dans les cercles religieux et politiques. Cependant, les conséquences d’un éventuel étouffement de cette affaire, en plus de constituer une faute éthique gravissime, seraient à n’en pas douter pire encore pour le poker.

09/01/2013

Quand le fisc check-raise les joueurs de poker… (suite)


Alors que la période des fêtes est traditionnellement moins porteuse en informations pokéristiques, l’actualité ne faiblit pas sur le front des redressements fiscaux visant les joueurs de poker de tournoi français. Bien au contraire.



Tous les témoignages convergent : le fisc a lancé une offensive de grande ampleur et semble adopter une posture jusqu’au-boutiste ne laissant que peu (en fait pas) de place à la discussion ou à la négociation. Le verdict rendu par le tribunal de Clermont-Ferrand déboutant le joueur Emile Petit faisant dorénavant jurisprudence, les services du ministère du budget redressent sans scrupule tous les joueurs ayant réalisé de gros gains live ou online au cours des années passées, en s’appuyant sur les fiches HendonMob et les résultats fournis par les opérateurs agréés par l’ARJEL. Dans la plupart des cas, les joueurs sont redressés sur la période 2010-2012 et doivent s’acquitter – en plus de l’impôt - de majorations pour non-adhésion à un centre de gestion,  activité occulte, et des traditionnels intérêts (4,8% tout de même). Soit quasiment 100% des gains perçus depuis 3 ans. Seule latitude offerte par le fisc aux joueurs-contribuables: soustraire au revenu imposable divers frais engagés par le joueur pour la pratique du poker : essentiellement transports, buy-in et matériel.



Sur le principe il est ben sûr tout à fait logique que les gains des joueurs réguliers résidant en France soient imposés au titre de l’impôt sur le revenu. Par contre, l’attitude de l’administration française est particulièrement cynique, au mois à deux titres :
   1) elle a organisé la légalisation du poker online hexagonal en 2010 sans accompagner ce processus par la mise en place d’un statut du joueur ni même – et c’était bien le minimum - communiquer auprès des joueurs sur la taxabilité de leurs gains à venir
   2) elle a clos de façon particulièrement abrupte le débat - sans même le trancher – concernant la qualification du poker comme jeu de hasard ou non alors qu’il s’agissait jusque-là d’un point crucial dans la mesure où il existe un principe de non-taxation des gains sur les jeux de hasard

Les joueurs ont été pris en traitre, et il reste à présent à mesurer l’impact de cette nouvelle jurisprudence (qui ne pourra être contestée sur le fond avant plusieurs années) sur l’industrie du poker de tournoi, live comme online. En effet, comment considérer que les joueurs professionnels ou semi-professionnels puissent continuer à jouer profitablement avec des gains imposés à près de 50% ? Par ailleurs, les rooms et les casinos français peuvent-ils continuer à faire de la publicité sur des montants de gains, désormais officiellement bruts et non plus nets ?

Les joueurs ayant opté pour l’expatriation auront donc eu raison. Ceux qui seront restés (ou qui seront revenus) en France, par naïveté ou pariant sur une normalisation en douceur de la situation, vont devoir à la fois se reconstituer une bankroll et émigrer au plus vite à l’étranger.

16/12/2012

Qualifié pour la finale du Winamax Poker Tour !


Après avoir terminé à la bulle de l’étape de Paris l’an dernier, je me suis qualifié à Sedan pour la finale du Winamax Poker Tour 2013 !

Myself, the Croupier & FishActivate. 
Sur la photo, les 500.000€ semblent avoir choisi leur camp...

89 joueurs présents sur 120 inscrits : la neige tombée en abondance sur les Ardennes n’aura découragé qu’une minorité de joueurs. Le field était relativement homogène et semblable à celui de Paris en 2012 : des joueurs jeunes et réguliers des MTT à faible buy-in sur Winamax.

8 heures de jeu effectif et 24 niveaux de 20mn m'auront été nécessaires pour parvenir au head’s-up final en compagnie du sympathique joueur rémois FishActivate, également qualifié pour la finale qui se tiendra du 28 février au 3 mars prochain au Cercle Clichy Montmartre à Paris. Ce tournoi à 550€ de buy-in garantit 500.000€ de prize-pool et rassemblera au strict minimum 1000 joueurs.


Le Château au Faucon, hôte du tournoi. Enfin l'annexe, en haut à droite.

Pour en arriver là, j’ai dû gagner deux coin flips décisifs et surtout remporter deux coups où je me suis engagé pré-flop largement dominé : JT vs AJ en table finale (board 44T-T-6) et le coup suivant, joué en première partie de tournoi :

Blindes 200/400, j'ai un stack de 16K environ. La table est relativement passive et serrée, j’ai juste remarqué un excellent joueur en grosse blinde.

UTG limp et je découvre A4s en UTG+1. Je decide de limper aussi. Hijack, cut-off et bouton suivent. SB folde quand BB squeeze à 2400. UTG folde. Le pot fait exactement 5000, soit un tiers de mon stack.

Fold/call/raise/shove ?

Fold me parait trop weak. Call ferait sûrement entrer 1 à 3 joueurs supplémentaires en position dans le pot et créerait un monster pot pré-flop de 9K à 13K… Raise me commit à coup sûr... Je prends donc l’option la plus agressive et décide de maximiser la fold equity en shove.

Avec le shove, j’estime que HJ, CO et Bouton vont folder 100% de leur range et que si la range de squeeze de BB est large (top 25%?), celle de squeeze-call sur shove UTG+1 est beaucoup plus réduite (top 5%? 10%?)

Finalement BB n’aura pas trop à tergiverser: en possession de AK, il insta-call… mais se retrouve aussi vite crippled après un board maléfique 774-8-2.


9 joueurs prêts à en découdre en table finale

25/11/2012

Quand le fisc check-raise les joueurs de poker…


Tout le monde se souvient qu’en 2008, le tout nouveau Champion du Monde de Poker Peter Eastgate, à peine rentré au Danemark pour fêter son titre, avait eu la très désagréable surprise de se voir confisquer 73% de ses gains (9,1M$) par le fisc danois. On pensait qu’il s’agissait d’un cas isolé... et on avait tort. Des deux côtés de l’Atlantique, l’imposition des gains de poker est en train de devenir la règle.

Sur les 27,3 $M de prizepool distribués aux finalistes du Main Event des WSOP 2012, près de 10M$ ont déjà été ponctionnés au titre de l'impôt par le fisc américain (IRS) et les états dont les joueurs sont originaires. Le Champion du Monde 2012, Greg Merson, ne pourra ainsi toucher que 57% des 8,5M$ qu’il a officiellement remportés. Andras Koroknai, le seul joueur non-américain de la table finale s’en sort bien: la Hongrie n’imposant pas les gains de poker, il conserve l’intégralité de ses gains (1,6M$ pour la 6ème place) et dépasse ainsi en gain net ses prédécesseurs Jeremy Ausmus (5ème), Russel Thomas (4ème) et même Jacob Balsiger: 3ème pour 3,8M$, mais stacké à 80% il ne touchera meme pas 0,5M$ après imposition. Gaëlle Bauman, 10ème pour 590 K$, a elle eu le nez creux en se domiciliant à Malte: elle devrait ainsi conserver l’intégralité de ses gains.
A peine sacré Champion du Monde, Greg Merson vient de recevoir un coup de fil du fisc...
Car côté France, on sait que depuis la légalisation du poker online mi-2010, le fisc s’intéresse de très près aux gains du poker. S’appuyant sur des résultats online et live, les services fiscaux ont procédé à de nombreux et douloureux redressements, dont le prodige online (refusant pourtant la médiatisation) Emile Petit, ou le reg parisien Jérôme Zerbib. Paradoxe: les joueurs de poker qui ont décidé de se (re)domicilier en France suite à la légalisation de 2010 se retrouvent aujourd’hui dans une situation inextricable, pris en étau entre un flou juridique persistant et un fisc dont le zèle s’est démultiplié afin de contribuer au rééquilibrage des finances publiques.  

01/11/2012

Perf online, Sponsoring & Ticket Premium

PERF ONLINE - Il y a quelques semaines j´ai signé ma plus grosse perf online en terminant 4ème sur 2450 joueurs d´un deepstack Winamax à 5€ de buy-in, pour un gain de 792€. Ci-dessous mon sharkscope actualisé. A noter que j´ai pu ce jour récupérer mes gains bloqués sur FullTilt.com depuis le Black Friday.

Mise moyenne 2,50€, ROI 35,2%

SPONSORING - Alors que la consolidation se poursuite inexorablement sur le marché français du poker online avec les fermetures en 2012 des rooms Titan, Winga, ChiliPoker, 200% Poker, Tranchant et les fusions Eurosport/Unibet et PokereXtrem/MyPok, il semble que les leaders du marché soient parallèlement en train de revoir leurs politiques de sponsoring. Les deux plus grosses surprises sont en effet venues de PokerStars et de Winamax qui ont annoncé respectivement la fin du sponsoring pour les joueurs Arnaud Mattern et Tristan Clémencon. 

 Mattern et Clémencon jouent désormais sans logo

On ne peut que s´étonner de ces décisions concernant deux joueurs parmi les plus brillants et respectés au sein de la communauté poker. Si les spéculations vont bon train, pour l´heure nous ne disposons  toujours pas d´explications convaincantes de la part des sites ni des joueurs. A noter qu´Anthony Lellouche vient lui aussi d´annoncer la fin de sa coopération avec Winamax, mais dans ce cas il semble que la décision soit venue du joueur, qui souhaite recentrer fortement son activité sur le cash game live et disputer moins de tournois.

TICKET PREMIUM - Une nouveauté dans le domaine des moyens de paiement en ligne : Le Ticket Premium. Cette offre, développée par l´entreprise française Ticket Surf, consiste en la mise en vente dans les bars-tabacs et les presses de cartes prépayées - sur le modèle des cartes prépayées pour téléphones mobiles - permettant d´effectuer des virements sur les sites de jeux. L´avantage est bien sûr la sécurité, ce système ne nécessitant pas de communiquer son numéro de carte bleue ni quelque  donnée personnelle que ce soit lors de la transaction.  Côté poker, ce service est déjà proposé sur les sites Winamax, Barrière, Unibet et PMU.
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